Tout seul on va plus vite ensemble on va plus loin
Eh bien non ! Parfois, seul ou à plusieurs nous allons tout simplement nul part.
- Personne ne se « fait tout seul » comme certains se plaisent à le faire croire. Derrière les plus belles réussites, il y a toujours des rencontres, une équipe, un écosystème, une diversité de liens.
- Le fait d’être ensemble n’a jamais suffit à aller loin. Il suffit de constater le nombre de projets qui tournent en rond, font perdre du temps et de l’énergie à tout le monde. En revanche si nous savons où nous allons, apprenons à nous comprendre et à faire ensemble alors oui, il y a moyen d’aller loin.
Table of Contents
ToggleChaque personne a une vision du monde singulière ....
Notre vision du monde et notre relation à notre environnement sont influencées par
- Notre histoire : les expériences passées, notamment ce que nous avons vécu, entendu, compris dans notre famille et les pensées que nous avons construites suite à ces expériences ;
- Nos expériences d’aujourd’hui et les leçons que nous en tirons.
Si mes expériences actuelles viennent confirmer ma vision du monde, elles me confirment aussi que j’ai raison de penser ce que je pense, même si ces pensées sont plombantes : « pourquoi je donnerais mon avis, personne ne m’écoute » – « pour faire changer les autres il faut les convaincre qu’ils ont tort par tous les moyens même si cela m’épuise »- « les membres de mon équipe ne savent pas travailler, je dois tout faire à leurs places ».
En revanche si une nouvelle expérience contredit ma vision du monde et que j’y prête attention, j’ouvre une place au questionnement : serait-il possible de penser et d’agir différemment de ce que j’ai l’habitude de faire, que vais-je retenir de cette nouvelle expérience ?
Nous avons ici la formidable opportunité d’actualiser notre système de pensée, de mettre notre logiciel interne à jour et de faire évoluer notre vision du monde.
Comme le lieu même du travail est un espace d’expériences, d’apprentissages et de relations, il nous amène à nous observer et à questionner notre propre fonctionnement :
Comment est-ce que je partage mes idées, ce qui me plaît et ce qui ne me plaît pas ?
Comment je fais profiter mes collègues de mon expérience ?
Comment j’apprends ? Qu’est ce que je fais de ce que j’apprends ?
Comment l’avis des autres vient me confronter, et comment cela fait bouger mes propres convictions ?
Quelle type de relation ai-je avec mes collègues ? Qu’est ce qui me satisfait dans ces relations, qu’est ce qui ne me satisfait pas ? Qu’est ce que cela dit de moi ?
...qui nourrit la vision collective
Comprendre comment nous nous construisons permet une ouverture différente à l’autre et donc une approche nouvelle de l’équipe :
Si j’ai construit ma vision du monde grâce à mon histoire et à mes expériences, il en est de même pour mes collègues. Aussi, il y a autant de visions différentes dans mon équipe que d’équipiers.
Donc, face à une situation donnée, recueillir la vision de tous est indispensable pour ensuite construire une vision collective, qui ne sera pas la mienne, pas la tienne, mais la notre.
C’est un peu comme si nous regardions tous le même paysage (la situation, le problème à résoudre) mais de fenêtres différentes (nos visions singulières). En partageant ce que je vois du paysage, j’invite mes co-équipiers à regarder par ma fenêtre, en les écoutant, je me laisse inviter à leurs fenêtres, et je peux alors voir un angle différent du paysage et peut être même voir des éléments que je ne pouvais pas voir de ma fenêtre. Une fois cette exploration terminée, nous avons collectivement une vision plus complète du paysage et alors nous pouvons décider ensemble. Décider quoi ? Et bien pourquoi pas de planter un arbre ici ou de mettre une balançoire là-bas, cela dépendra de nos objectifs ! (Je ne parle pas ici des situations de danger ou d’urgence, qui nécessitent une prise de décision immédiate pour assurer la sécurité de tous).
Véritable pied de nez à nos rigidités, nous pouvons maintenant arrêter de ruminer ou de nous énerver quand les autres ne pensent pas comme nous !
Face à une situation :
Je détiens une partie de la solution → je partage ma vision des choses, mon expérience, mes idées → mes collègues apprennent de moi et je contribue à nourrir le système dans lequel je travaille.
Je ne détiens pas toute la solution → j’écoute les autres, je les questionne sur leurs expériences sur ce qui construit leurs pensées –> je me donne la possibilité d’apprendre d’eux et j’observe que ma pensée bouge au contact des autres. C’est la naissance d’un système apprenant !
L’équipe a besoin de la vision de tous pour construire une vision collective de la solution.
Et en pratique ?
Pour faire un premier pas voici un processus rapide et efficace qui permet :
- à chacun de s’exprimer et donc de contribuer par son avis et ses idées
- une meilleure compréhension mutuelle et des échanges plus riches
- des décisions plus faciles
- d’éviter ce qui s’observe communément dans une réunion : une personne donne son avis, une autre rebondis dessus sans exprimer sa propre pensée, et ainsi de suite, il y a toujours au moins une personne qui ne prend jamais la parole. Cela dure longtemps et l’issue est insatisfaisante pour la majorité.
Tout d’abord, poser un cadre sécurisant est indispensable pour que les personnes s’expriment en confiance.
Voici un exemple :
- Toutes les idées sont bienvenues : il n’y a pas de jugement, nous avons le droit de ne pas savoir avant de savoir ;
- Je m’exprime en « je » : je prends la responsabilité de ce que je dis ;
- Je ne rebondis pas sur la parole de l’autre ;
- Ce qui se dit ici reste ici (confidentialité) ;
- Co-responsabilité : nous sommes tous responsables du bon déroulement du processus.
Puis dérouler le processus suivant :
- Présentation du sujet, de la question, du problème.
- Réflexion individuelle silencieuse : chaque membre structure sa pensée et la formalise par écrit pour la présenter aux autres.
- Partage des réflexions individuelles avec le groupe : Chaque membre communique sa réflexion au groupe. Le groupe écoute en silence. Seules les questions de clarifications sont possibles.
- Construction d’une solution commune : L’écoute des autres fait bouger les pensées de chacun, le groupe peut maintenant construire une vision collective tenant compte de la diversité des points de vue.
Il est important que le temps de chaque étapes soit définit en amont et que le temps de partage de chacun à l’étape 3 soit identiques.
Ce processus a été décrit par Vincent Lenhardt dans Les responsables porteur de sens à partir des travaux de Peter Senge La cinquième discipline
Bonne expérimentation !